LES CHEVAUCHEES DE SARAH, DANS LE RESPECT DE LA NATURE

Propos recueillis par Joan Francès (ANCEF)

Rien ne prédestinait Sarah Labessoulhe à devenir guide de randonnée équestre. Quoique… Lorsque l’on regarde en amont son parcours de formation rapporté à sa pratique professionnelle avec les chevaux, un lien évident se dessine. Dans ses études de géographe, elle avait choisi une orientation environnementale, élément clef que l’on retrouve dans son comportement avec ses chevaux dans le milieu naturel.

Crédit photo Sarah Labessoulhe

Comment êtes-vous devenue guide équestre ?

"Le cheval, ado, je l’ai pratiqué en club. En recherche d’emploi d’été, je postule à une proposition d’éco-guide équestre du Parc Naturel Régional du Verdon. Après 5 ans de travail saisonnier, je me forme, passe et obtiens le diplôme d’accompagnatrice de tourisme équestre, qui me permet d’encadrer en dehors d’un haras".

Parlez-nous de votre activité équestre.

"En 2019, je crée mon entreprise équestre à Saint Just dans les Alpes de Haute Provence, sur le plateau de Valensole. J’ai six petits chevaux de montagne assez rustiques. J’accompagne les gens en randonnée depuis la balade de deux heures jusqu’à l’itinérance sur cinq jours. Ce territoire est très fréquenté l’été, délaissé le reste de l’année. Le tourisme de masse en montagne, c’est une agression environnementale. Ecogarde plusieurs années au Parc Naturel Régional du Verdon, j’ai pris conscience des dégâts de cette surfréquentation. J’ai aussi compris que la sensibilisation pouvait avoir un réel impact positif sur la manière dont les touristes fréquentent les sites.

Je décide donc de proposer des balades toute l’année, afin d’étaler la présence humaine et protéger la nature. La clientèle est plutôt féminine, de tous âges, beaucoup d’étrangers l’été, locale le reste du temps".

Comment s’organisent vos randonnées ?

"Mon projet est d’impliquer mes clients dans la balade, leur faire partager la vie des chevaux, loger dans des hébergements montagnards parfois rustiques tels refuges non gardés, gîtes équestres, voire bivouacs. Beaucoup n’ont pas cette approche de la vie en montagne. Economiser l’eau, ramasser ses déchets, ne pas se doucher tous les jours, pas de connexion Internet, vivre au rythme des chevaux, aider à les nourrir, les brosser, les seller... Tout cela parfois les déstabilise, mais à l’issue de la randonnée, la satisfaction est toujours au rendez-vous".

Votre approche de la randonnée équestre parait axée sur la protection de l’environnement.

"Lorsque je me suis installée avec mes chevaux, j’ai décidé de respecter quelques principes que je me suis fixés :

  • Respecter la règlementation en vigueur et donner l’exemple,
  • Toujours rester sur des petits groupes de cavaliers (5 cavaliers maximum) afin de ne pas abîmer les sentiers, les lieux de bivouac et de rester discret auprès des locaux et usagers,
  • Développer le hors saison en proposant des randonnées toute l’année, en pratiquant des réductions sur la saison creuse,
  • Ne pas chercher à « mécaniser » mon activité en me passant de machines agricoles,
  • Ne pas déplacer mes chevaux en véhicule motorisé pour pratiquer mes randonnées,
  • Utiliser en priorité des aliments et produits naturels pour nourrir et soigner mes chevaux,
  • Dans mon quotidien, vivre le plus simplement

Crédit photo Sarah Labessoulhe

Tous ces éléments qui sont pour moi très importants, me permettent de travailler en accord avec mes convictions. Ils sont l’occasion d’échanges intéressants avec mes cavaliers. Sur le domaine où sont mes chevaux, je ne suis propriétaire de rien mais gracieusement hébergée et j’entretiens la végétation. Je ne possède qu’une brouette et demande de l’aide aux agriculteurs du coin lorsqu’il faut décharger le foin que je commande, en échange du fumier de mes chevaux. Je pratique des colposcopies afin de ne pas les vermifuger inutilement. Je cherche enfin chaque jour à diminuer un peu plus mon impact.

En mettant en application ces principes, je peux ainsi véhiculer des messages auprès de mes clients, souvent très réceptifs et intéressés par mon fonctionnement".

Crédit photo J.Busetto

Vos chevaux, vous les bichonnez tout le temps ?

"Les chevaux je les entoure de bien-être. J’encourage les cavaliers à en faire autant. Pour échauffer doucement le dos des chevaux, nous commençons par marcher. Lorsque le chemin est très escarpé, nous mettons le pied à terre pour passer la partie difficile. Il en va de la sécurité des chevaux, mais aussi des cavaliers. Lorsque le terrain le permet, nous engageons un petit galop, pour le plaisir. Dormir avec des chevaux en itinérance demande pas mal d’organisation. Les chevaux il faut les abreuver, les nourrir, les seller, trouver le bon coin pour brouter, savoir s’arrêter à l’ombre pour qu’ils se reposent.

La randonnée à cheval ce n’est pas de tout repos, mais ce n’est que de la satisfaction pour les randonneurs que j’accompagne".

Quels sont les points forts de vos randonnées ?

"La randonnée de ces trois jours, associe les paysages les plus représentatifs du Verdon. Entre le plateau de Valensole, les forêts, les alpages, il allie beauté, technicité, permet de créer une osmose entre le cavalier et le cheval. Il demande une bonne condition physique, c’est pourquoi je ne le fais pas avec tous les cavaliers. 

C’est un itinéraire que je pratique régulièrement et que je connais bien. Il a aussi l’avantage sur certains tronçons de pouvoir être rallongé ou raccourci en fonction de l’état de fatigue des montures et des cavaliers.

Le printemps est particulièrement prisé. Les lavandes commencent tout juste leur floraison, ainsi que la sauge sclarée et l’hélichryse (immortelle d’Italie), bien présentes sur le plateau. Les paysages sont magnifiques. En particulier le panorama sur le lac de Sainte Croix et le plateau de Valensole, la vallée de Majastres, une des plus belles et sauvages du coin, le Portail de Blieux, un de mes endroits préférés. Ce col, situé entre deux montagnes rocheuses, offre une vue imprenable sur le Haut Verdon Quelques vautours fauves planent parfois au-dessus de nos têtes".

Ravies

Emma, Gaëtane, Anouk, sont des habituées qui viennent monter toutes les semaines. Elles ont entre 12 et 14 ans. Elles viennent de vivre leur première itinérance à cheval. Ravies de cette aventure, de l’ambiance qui a régné, des fous-rires, des passages délicats qui induisaient un peu d’adrénaline mais jamais de panique.

C’est sûr, elles récidiveront !

Crédit photo Sarah Labessoulhe

Crédit photo Sarah Labessoulhe

Contact : 

> Les Chevauchées de Sarah

Domaine de la Blache

04410 SAINT JURS

06.24.54.12.36

leschevaucheesdesarah@gmail.com